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Objet

Un atelier qui permet aux grands-parents de mettre en ordre le récit de leurs souvenirs.

Méthode

Une animatrice réunit le groupe une fois par mois dans une salle du Centre Berthelot

Quand?

Les séances ont lieu une fois par mois le mardi à 14 heures au Centre Berthelot 14 avenue Berthelot LYON 7ᵉ

Renseignements 06 73 12 39 92

Comment?

Un atelier est proposé aux grands-parents, membres de l'Egpe Lyon, pour apprendre à mettre en ordre la rédaction de leurs souvenirs. L’objectif n’est pas de raconter ses mémoires de manière exhaustive ni de "faire de la littérature", mais d'essayer seulement d’organiser un récit de sa vie de manière concrète.
Une rencontre par mois - environ sept par an - au cours de laquelle sont proposés un ou deux thèmes qui servent de déclencheur à l'écriture.
Chaque participant s'exprime à tour de rôle sur les thématiques proposées : c'est un moment riche de partage qui stimule l'évocation et la remontée à la surface de ses propres souvenirs plus ou moins enfouis.
L'écriture personnelle a lieu à la maison.
La séance suivante permet l'écoute des récits, chacun lisant sa production - ou la faisant lire par un autre participant. Ecoute suivie de questionnement et d'échanges.
Les motivations ou objectifs peuvent être très divers : fouiller dans ses souvenirs, transmettre à ses enfants ou petits-enfants voire neveux et nièces, produire un écrit personnel …
La forme, elle-aussi, est laissée très libre : du simple commentaire ou légende de photos à un récit chronologique plus élaboré.

Le témoignage d'un participant

« Quand j’ai rejoint l’atelier d’écriture, d’emblée je m’y suis senti à l’aise. J’avais envie d’écrire, mais je ne m’y mettais pas ; il me fallait sans doute stimulation, aiguillon, ou planning ... que sais-je ? Et pourquoi ne
pas écrire « L’histoire de ma vie » ?
Devant la page blanche, après parfois un démarrage difficile, cela se met en place ; et quelle joie, presque quelle jouissance de voir que je parviens à quelque chose…
C’est aussi le plaisir, enrichissant, de la mise en commun….
Heureux de m’être embarqué dans cette aventure, je vous la partage bien simplement. »
J.P.

Textes de participants

Texte 1

Des bêtises, moi ? Jamais ! Aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais fait de grosses bêtises. Comme tous les enfants de mon âge, je me suis chamaillé avec mes sœurs, j’ai tiré des sonnettes aux portes des maisons sur le chemin de l’école, j’ai acheté des bonbons avec la monnaie du pain, j’ai déchiré un pantalon tout neuf en faisant de l’escalade, j’ai cassé des carreaux en jouant au ballon. J’étais dissipé en classe et même très dissipé, bavard à l’étude et même chahuteur. Mais c’était surtout par insouciance et bonne humeur … Des bêtises ? Moi ? Jamais ! Pourtant, je garde en mémoire -quand même- quelque chose que j’ai accompli petit, mais je ne sais plus si c’est le souvenir ou l’histoire que l’on m’a inculquée. J’adorais démonter les objets que je manipulais : des montres usagées pour en découvrir le mécanisme, des piles électriques pour en comprendre le fonctionnement, des jouets dont le ressort était cassé. Rarement, bien sûr, je n’étais capable de remettre en état de marche ce que j’avais soigneusement désossé ! J’ai fait des progrès depuis… Pourtant, une fois, cela m’a valu la vindicte de mes sœurs. Par logique familiale, moi j’avais le meccano et mes sœurs des poupées et déjà, à cette époque, les poupées étaient sophistiquées :
On pouvait leur donner le biberon et forcément elles trempaient leurs culottes, elles pleuraient si on les secouait un peu trop fort et elles fermaient les yeux si on les berçait gentiment dans les bras. Bref ces évolutions techniques à chaque noël par rapport au baigneur fixe que j’avais connu m’impressionnaient. Et c’est ainsi qu’un jour de mes 6 ans, profitant de l’absence de mes sœurs, je m’emparais de l’une de leurs poupées pour éclaircir ce que je considérais comme de la supercherie. Autant je découvris facilement le principe du pipi et la boîte à faire des pleurs, mais les yeux – ces yeux si bien imités- m’intriguaient. Et c’est donc sans malice que j’appuyais sur les oculaires pour les faire tourner. Ma maladresse me conduisit à leur enfoncer le globe dans la cavité des yeux sans pouvoir les remettre en place. Quel drame ! Bien qu’ayant enfoui la poupée parmi les autres, ma sœur cadette ne tarda pas à découvrir l’ignoble outrage que j’avais infligé à sa préférée. Je fus puni, avec l’interdiction de ne jamais retoucher aux jouets de mes sœurs et cette histoire m’a maintes fois et pendant longtemps, été gentiment reproché. De ce jour, je n’ai jamais rejoué à la poupée. Plus tard, J’ai eu des circuits et des trains électriques pour assouvir ma curiosité de petit garçon.
Voilà, la prochaine fois je vous raconterai ma plus grande honte d’enfant de chœur : casser les burettes en plein milieu de la messe de minuit.

Texte 2

« J’ai rejoint l’atelier d’écriture à la dernière « rentrée », c’est-à-dire en octobre, et d’emblée je m’y suis senti à l’aise. J’avais envie d’écrire, mais je ne m’y mettais pas ; il me fallait sans doute la stimulation, l’aiguillon, un planning, que sais-je ? Et pourquoi ne pas écrire « L’histoire de ma vie »….

Devant la page blanche, après parfois un démarrage difficile, cela se met en place ; et quelle joie, presque quelle jouissance de voir que je parviens à quelque chose…

C’est aussi le plaisir, enrichissant, de la mise en commun….

Heureux de m’être embarqué dans cette aventure, je vous la partage bien simplement. »

Texte 3

Mon plus ancien souvenir

Je ne sais pas si c’est bien lui mon plus ancien souvenir. Mais parmi tous les moments qui me reviennent en mémoire, je suis certain que celui-ci ne s’est pas imprimé dans un coin de mon cerveau, parce que entendu raconter de la bouche de l’un ou l’autre.

Ce souvenir, c’est une image. Celle d’un moment si banal, si peu extraordinaire, qu’il n’a pu faire l’objet d’aucun récit de la part de qui que ce soit de mes proches, et que je peux bien être persuadé qu’il m’est tout à fait personnel. Je n’en ai sans doute même jamais parlé avec mon frère qui l’a très vraisemblablement vécu comme moi et en même temps.

Cette image, c’est celle du Grand-Père Georges, en train de se raser. Je ne devais pas avoir plus de six ou sept ans, puisque nous, ses petits-enfants, nous avons cessé de le voir les deux-trois dernières années de sa vie. Il perdait la tête ou – comme on disait alors – « il était retombé en enfance ». On ne parlait pas de maladie d’Alzheimer. Ce que j’ai su, plus tard, c’est que, parfois, il ne reconnaissait même plus la grand-mère.

Nos grands-parents paternels habitaient non loin de chez nous, dans une petite maison, à un étage plus grenier. Il y avait une petite cour sur l’arrière, entourée de bâtiments très disparates qui, pour nous enfants, étaient plein de charme, mais que mes parents ont fait abattre dès qu’ils ont eu à rénover cette maison : arrière-cuisine, appentis, clapiers désaffectés, serre-bois, resserre, et même WC à l’ancienne, au fond de la cour. Car les grands-parents n’avaient jamais jugé utile de faire installer l’eau courante. La pompe, une pompe manuelle à balancier,  trônait donc en bonne place dans cette cour, près de la porte de l’arrière-cuisine. Elle faisait d’autant plus notre admiration que nous avions parfois droit d’y emplir un arrosoir, un seau, un broc et qu’elle fournissait une eau si fraîche et si délicieuse. Seuls les chimistes pensent de l’eau que c’est un liquide incolore, inodore et sans saveur.

Mais revenons à mon souvenir. Ce devait être aux beaux jours, car le grand-père, en chemise !! – c’est-à-dire sans veston – se rasait debout dans la cour. Il avait accroché un petit miroir à une pointe sans doute plantée là à cet effet. Et, le visage blanc de mousse, le col de chemise bien ouvert, il maniait avec aisance un rasoir comme je n’en avais jamais vu. De ces rasoirs que l’on appelle « coupe-chou ». Il rinçait souvent la lame dans un bol d’eau chaude que lui avait préparé la grand-mère. Régulièrement et avec application, il passait cette lame sur une large bande de cuir, qu’il avait mouillée. Et avec les doigts de sa main gauche il tendait la peau du visage, traquant le moindre poil, contournant avec soin la moustache qu’il portait assez fièrement. Il tournait la tête de gauche et de droite, il levait le menton, pour bien se voir dans ce petit miroir, vraiment pas bien grand. La grand-mère lui apporta une cuvette d’eau chaude propre et une serviette qu’elle posa sur une chaise. Il se rinça, se sécha, puis referma son col de chemise. Il lava rasoir, bol et cuvette sous l’eau froide de la pompe et entra dans la maison. Quand il en ressortit, il avait – bien en place  comme toujours – col cassé, cravate, montre à gousset et veston sombre. Je retrouvai l’homme qui, quoique souvent affectueux, m’impressionnait et qui savait me remettre en place lorsque je me laissais aller à quelque sottise ou quelque parole déplacée … Et alors là je me serais caché sous terre.